Journée nationale commémorative de l’appel historique du général de Gaulle
à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi.
Il y a 70 ans, à Londres, dans l’immeuble de la B.B.C., le général de Gaulle lançait
les "mots irrévocables" invitant les Français à le rejoindre pour continuer la lutte, certain que "quoi qu’il arrive, la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas".
L’écho originel de ce message n’est pas dans les archives, puisqu’il n’en n’existe aucun enregistrement, mais demeure dans la mémoire collective des Français. La place qu’il y a prise, comparée au faible retentissement que cet appel connut le jour même, prouve bien que le 18 juin 1940 compte au nombre de ces journées historiques dont l’impact se révèle avec le temps.
C’est que l’Appel du 18 juin constitue un symbole fondateur. Londres, ce fut le point de ralliement de ceux qui refusaient la défaite, ceux que le patriotisme blessé poussait au combat. La radio de Londres, ce sera, dans la France occupée, la voix de l’espérance que l’on écoute en cachette. De Gaulle, ce sera la figure de la France debout, celle qui fait face et qui croit en son destin.
Pour l’Histoire, le général de Gaulle reste celui qui a assuré son indépendance à la. France, celui grâce à qui elle a retrouvé une place pleine et entière dans le concert des nations, passant du statut de pays vaincu à celui de pays vainqueur.
Aujourd’hui, au-delà du chef de la France libre, nous rendons hommage à tous ceux qui l’ont rejoint pour défendre une certaine idée de la France et de la Liberté. Nous rendons hommage à celles et ceux qui refusèrent une apparente fatalité, répondirent à l’appel historique et prirent les armes contre l’ennemi, en s’expatriant pour servir au sein des forces françaises libres ou en s’engageant dans la voie de la Résistance intérieure.
L’Appel du 18 juin ne constitue pas seulement le souvenir d’une lueur dans la nuit de
l’Occupation.
C’est en conjuguant leurs efforts que tous les Français libres, venus de Métropole, d’Afrique ou d’ailleurs, ont permis de libérer le territoire national, C’est en recherchant l’union que les Résistants de l’intérieur, de toutes convictions, ont pu être les acteurs de cette épopée.
Tous. ont su dépasser leurs différences politiques, sociales, culturelles, pour mettre en avant leur sens de l’engagement, de l’effort commun, au service d’une cause plus grande qu’eux. Ce choix, qu’ils ont assumé malgré tous les dangers, les a conduits sur la voie de l’honneur et de la liberté.
Dans un inonde en crise et lourd de menaces, la question du choix, de l’engagement et de l’effort commun, reste toujours d’actualité.
Longtemps les mots choisis par le général de Gaulle le 18 juin 1940 continueront à parler au monde, car cet Appel est une leçon pour notre temps. A tout moment, il est possible de choisir, même quand l’inéluctable semble se profiler.
Texte de l’appel du 18 juin 1940
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ?
Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres. »