- Vorey-Vertaure- Roche en Régnier-Fort de Vorey-Vorey
- 16 km
- Prévoir au minimum 2h00 (dont 30 minutes de route)
- Départ de l’église de Vorey. Remontez la route qui longe l’église et prenez tout de suite à droite la petite route qui monte à Vertaure.
Roulez pendant 3 km, et vous arrivez face à un puits et des bachas (ou bacs) très anciens.
Ce puits et ces bachas datent de l’époque féodale, c’est-à-dire de l’époque des seigneurs et des châteaux forts. Les deux bachas circulaires, relativement rares, sont typiques de cette époque.
- Garez-vous par là, et empruntez le chemin empierré sur votre gauche.
Vous verrez sur le chemin un puits et un bac plus récents, montés d’une pompe à eau manuelle. Plus loin, au croisement, se trouve un four banal (mot venant de "banalité", un impôt que payaient les habitants au seigneur des terres pour pouvoir y cuire leur pain). A la Révolution, les fours banaux sont devenus propriété du village. La plupart sont toujours utilisés, notamment pour la fête du pain au mois d’août.
Vertaure sert de cadre à la légende de la Lépreuse du Val d’Arzon.
Certains y verront une histoire vraie, d’autres pas :
Par une belle soirée, le 16 juin 1873, les habitants d’Eyravazet et de Vertaure se reposaient des fatigues du jour. Le soleil avait disparu derrière les montagnes. Un léger brouillard émergeait de la rivière, lorsqu’une figure humaine se dirigea vers le village. On distingua une femme. Elle marchait avec peine et s’appuyait sur un bâton de houx. Ses vêtements troués et ses cheveux en désordre témoignaient qu’elle venait de faire un long trajet. La lèpre était gravée sur son front en stigmates horribles. D’où venait-elle ? Personne ne le savait.
Un mouvement de répugnance et d’horreur se produisit parmi les assistants. Lui montrant le poing, ils la menacèrent des plus mauvais traitements si elle ne quittait à l’instant le village. Elle demandait un morceau de pain, un verre d’eau et un abri pour reposer son corps meurtri. Devant l’attitude hostile des paysans, elle s’assit sur un bloc de pierre et attendit que la mort vînt mettre un terme à ses souffrances. Touché de compassion, un paysan lui montra une cabane et l’invita à s’y réfugier. La lépreuse s’y coucha. Son agonie fut longue et douloureuse. A peine avait-elle rendu le dernier soupir qu’on creusa sur place une large fosse, et son corps y fut enfoui, ainsi que la cabane. Nul ne vint sur ce tertre funèbre murmurer la prière.
Peu d’heures s’étaient écoulées, quand un vent violent s’engouffra dans le val d’Arzon. Une grêle effroyable s’abattit sur le pays, grossie par une pluie diluvienne. La trombe vengeresse avait tout broyé, et quand le soleil reparut, on ne vit que des moissons détruites et des arbres déracinés. Il en fut ainsi pendant plusieurs années. On vit errer un jour un homme de haute stature. Ses vêtements étaient blancs, ses traits austères, la longue barbe et son air imposant inspiraient une crainte mêlée de respect. Surpris de la misère de ces habitants, il en demanda la cause. Une vieillarde presque centenaire lui peignit les malheurs arrivés. Il dit aux paysans : " vous avez manqué au plus saint des devoirs en refusant l’hospitalité à l’un de vos semblables. Dieu vous a châtiés, mais sa colère ne saurait être éternelle. Exhumez les restes de la lépreuse, et portez-les au cimetière de Vorey ; fondez à perpétuité une messe de Requiem pour le repos de son âme. " Ainsi, fut fait, et le soin religieux apporté à faire célébrer chaque année la messe de la lépreuse préserve les habitants de Vertaure et Eyravazet des orages. La messe de la lépreuse est dite à Vorey à la date du 16 juin. A cette date, le martyrologe affiche le nom de Sainte Julitte, ce qui a certainement suffi à baptiser la lépreuse du même nom.
- Reprenez votre véhicule et continuez la route goudronnée pendant 3-4 km. Passez devant une ferme et tournez à droite toute. Vous arrivez sur la place en herbe de Dignac où vous pouvez vous garer.
Là se trouve un four banal, jouxtant une "assemblée" ; maison carrée, reconnaissable à son clocheton. L’assemblée était construite par les habitants, avec des pierres jointées à la chaux, un toit de lauzes et une cheminée massive ; elle possède 2 niveaux, le rez-de-chaussée étant une pièce commune, et la pièce à l’étage servant de chambre à une "béate" ; la béate était une jeune fille dépendant de la Congrégation des Demoiselles de l’Instruction au Puy, qui inculquait aux enfants du village un minimum de savoir. Elle organisait également des veillées avec des groupes de dentellières, et sonnait la cloche aux heures de repas, à l’Angélus… Il y avait encore 1100 béates en 1854. Elles disparurent vers 1930.
De Dignac, on bénéficie d’un beau point de vue sur Roche en Régnier et sa tour.
- Ressortez du village en continuant tout droit la route par laquelle vous êtes arrivés, puis tournez à droite. Entrez dans Roche en Régnier et prenez la petite route en face pour aller vous garer prés de la petite église. De là, suivez le fléchage indiquant la tour.
La tour (tour illuminée) domine à 850 m d’altitude les Gorges de la Loire. Vous trouverez à ses côtés une table d’orientation. Le donjon servait au guet et à la défense. On pénétrait dans la tour par une porte située en hauteur. Une échelle ou un pont mobile permettait l’accès. Dans le village bâti au pied de la tour, autrefois protégé par une double enceinte percée de 2 portes et entouré de fossés, subsistent des vestiges :
— au centre du vieux village, le porche de l’hôtel de Vacherel, 15e siècle, montre une voûte blasonnée et les restes d’une gargouille, représentant le corps d’une femme : la Dauphine.
— au sud- ouest, à l’est et au sud, des restes imposants de la muraille du bourg
— l’amorce d’une porte à l’est
— au sud-est, l’ancienne mairie, adossée au mur d’enceinte, est flanquée d’une tour d’angle qui protégeait l’une des deux portes de la cité. Dans la cour, une grande fenêtre est blasonnée du trigramme du Christ. Cette demeure était, autrefois, la maison commune et la maison d’arrêt. Elle fut attaquée, un soir de juin 1799, par des hommes en armes, venus de Retournac, délivrer des prisonniers contre-révolutionnaires.
Sur le territoire de " Marchédial ", le seigneur baron de Roche fit édifier, pour son écuyer, un manoir qui défendait la cité à l’ouest. Cette maison forte, dite de Leyssac, est ornée de grandes fenêtres d’ordres superposés. La porte de la tourelle d’escalier, équipée d’un assommoir, a conservé ses pilastres et son entablement.
Plusieurs autres maisons sont remarquables. L’une d’elles présente, sur sa façade un cadran solaire armorié, et sur un de ses côtés, une tourelle d’escalier qui dessert les étages. Une autre, " Le Paradis ", du 17e siècle, montre les ruines de sa façade.
- Pour repartir, tournez à droite après l’église. A la D103, tournez à droite ; roulez pendant 1 km et prenez la petite route à gauche menant à l’usine CIV (électronique). Garez-vous devant et passez dans le petit chemin à droite derrière l’usine.
Vous vous trouvez sur le site du Fort d’Espaliou, dont il ne reste aujourd’hui que quelques ruines : des escaliers taillés dans le roc, des cavités, et la tour des gardes à l’entrée du village vacances en bas. Ce Fort était, au 12e siècle, rattaché à la baronnie de Roche-en-Régnier. Au 16e siècle, le seigneur Jacques de Chabanolles l’abandonna et le fit raser pour que l’ennemi ne s’y installe pas.
Cet emplacement privilégié offre une vue sur les méandres de la Loire. Ce fleuve, de 1012 km, prend sa source à 90 km au sud, au Mont Gerbier-de-Jonc. La Loire est rivière jusqu’à Vorey, appartenant aux riverains, et devient fleuve à partir de Vorey, passant propriété de l’Etat. Elle s’élargit et devient flottable.
On y conte ici une bien curieuse légende : suivant les traditions populaires, d’immenses trésors remplissent les caves du Fort dit d’Espaliou (qui veut dire falaise en préceltique). On ne pénètre dans cet Eldorado qu’une fois par an, lors de la célébration de la messe de minuit et dans l’intervalle compris entre les deux élévations.
On raconte qu’une femme de Vorey, Marthe, envieuse de s’approprier une parcelle de tant de trésors, prit son jeune enfant dans ses bras et se dirigea vers le Fort. Elle traversa le pont de Chambeyron, longea le cimetière et s’engagea dans le chemin de la Charitète. Soudain, se dressent devant elle les sept diables aux yeux phosphorescents, à qui il faut donner sept litres de vin et sept livres de pain pour qu’ils daignent s’écarter de la route et laisser le passage libre. Marthe distribue aux suppôts de Lucifer les rations, et arrive sans encombre sous les murs du Fort.
Bientôt sonne l’heure de la première élévation et les portes de la grotte roulent sur leurs gonds. Marthe en franchit le seuil, dépose son enfant dans un coin, court aux lingots d’or et en remplit son tablier. Elle revenait sur ses pas lorsque tinta la deuxième élévation. Elle était déjà hors de la caverne, mais dans sa précipitation oublia son enfant ; quand elle voulut le reprendre, les portes se refermèrent avec fracas et la malheureuse mère, en proie au plus violent désespoir, retourna à Vorey.
Le vieux curé lui promit que dans un an elle reverrait son enfant, à la condition de déposer, chaque dimanche, pour sa nourriture, une livre de pain et une bouteille de vin dans le plat des âmes du purgatoire. Marthe consumait sa vie dans les angoisses et les larmes. Ne pouvant plus supporter la vue de cet or, source de son malheur, elle le jeta dans un gouffre de la Loire.
La fête de Noël arriva. Marthe marcha vers le Fort, et à l’heure solennelle, pénétra et vit son enfant qui lui tendait les mains. Enivrée de joie, elle le couvrit de baisers et l’emporta en courant dans sa maison. Elle voulut lui demander qui l’avait soigné et nourri durant un an : " ce sont les âmes du purgatoire", répondit-il, en levant les yeux au ciel.
- Finissez d’arriver à Vorey par la D103.