Prévoir environ deux heures.
- Départ devant l’Office de Tourisme. Montez, à gauche de La Poste, la rue du 11 novembre, puis tournez à droite du Foyer Marie Goy. Au croisement, placez-vous à droite pour avoir un aperçu du bourg.
Vorey se disait en gaulois Vabero ou Vobero, ce qui voulait dire "cours d’eau caché", puis a évolué en Vourei, Vourey, puis Vaurey.
Vorey est à une altitude de 535 mètres, et est traversé par trois cours d’eau : Le Chambeyron, l’Arzon, et la Loire. Le climat y est doux, ce qui lui vaut l’appellation de " Petit Nice ". On compte aujourd’hui 1470 habitants.
Si l’on regarde le relief, la rive gauche de la Loire, sur laquelle on se trouve, est ponctuée de collines granitiques, roche blanche non volcanique (excepté le Suc de Ceneuil), utilisée pour la construction de nombreuses maisons. Il y a par contre sur la rive droite beaucoup de sucs volcaniques (rochers pointus), dont le basalte y est noir, et la phonolite bleue. On les retrouve mélangés aux pierres blanches dans les murs des hameaux de la commune de Vorey sur ce côté-ci de la Loire.
Les sommets ponctuant la plaine étaient des buttes repaires pour les châteaux de l’an 1000 : le Fort d’Espaliou se tenait sur le promontoire rocheux en face au premier plan. Il surveillait l’accès aux plateaux et aux gorges. Ce Fort était, au 12e siècle, rattaché à la baronnie de Roche en Régnier. Au 16e siècle, le seigneur Jacques de Chabanolles l’abandonna et le fit raser pour que l’ennemi ne s’y installe pas.
Le village médiéval se situait à votre gauche, à l’emplacement du HLM et derrière celui-ci, autrement dit entre le Chambeyron et la Loire. Une église romane, dédiée à Saint-Symphorien, se tenait à la place du HLM. Elle a longtemps servi malgré son état de délabrement, puis a été délaissée au profit de la nouvelle (1872). Elle fut entièrement rasée en 1892 alors que son état de ruine devenait dangereux.
Du 17e au 19e siècle, Vorey s’est peu à peu étendu, depuis le manoir de Villèle (tourelle ronde) jusqu’à La Poste actuelle. Deux rues principales traversaient le village : la rue Pierre Favier et la rue de l’Eglise. Le commerce y était prospère. On taillait la vigne sur les coteaux (où nous nous trouvons), tandis que les jardins s’étendaient plus bas au-dessus de la Loire. Les pierres qui encombraient les terrains de vignes étaient utilisées pour monter des murets entre les parcelles. Le phylloxéra et l’oïdium se propagèrent vers 1880 et dévastèrent le vignoble.
- Retournez-vous et prenez la route qui monte à votre gauche, et virez tout de suite à droite.
Là se trouve une ancienne maison de vignes ; on en trouvait autrefois un peu partout sur les coteaux. Elle possède deux niveaux : le 1er renfermait un pressoir, et le 2nd un grand entonnoir par lequel on remplissait le pressoir. Ce deuxième niveau est accessible de plain-pied par l’arrière. Les fûts étaient remplis de vin et descendus un à un à dos de mulet jusqu’au village. Nous allons suivre ce trajet.
- Redescendez jusqu’au point de vue où vous étiez ; passez par le terrain de jeux en dessous, puis descendez les marches à droite. Les jardins, derrière les murs, étaient également plantés de vignes. On trouve, sur le sol de ces sentiers, une herbe à sève jaune : c’est la chélidoine, ou "herbe à verrue". Prenez le sentier à gauche, puis la rue de l’Eglise par la droite.
Là commence le quartier commercial. Au cours des siècles se sont succédé épiciers, bouchers, coquetiers (vendaient des œufs et du beurre), quincailliers, bourreliers, ferblantiers (fabriquaient des ustensiles en fer blanc), coiffeurs, sabotiers…Les nombreuses larges ouvertures que l’on voit encore en témoignent. A l’angle de cette rue et de la rue Traversière se trouve une maison à volets bordeaux. Le rez-de-chaussée était un comptoir : le marchand servait ses clients par la fenêtre.
- Prenez cette rue et bifurquez tout de suite à gauche pour entrer dans une cour.
Ici habitait un marchand de vin, dont la cour était remplie de fûts. Allez jusqu’au fond. Il y a un étroit espace entre les maisons, qui était autrefois utilisé comme passage. Il évitait aussi au feu de se propager en cas d’incendie.
- Passez sous le petit tunnel et tournez à droite.
La grande boutique aux volets verts appartenait à un chapelier au siècle dernier. Prenez cette rue Pierre Favier par la droite. La première maison à gauche, après le chapelier, a gardé une architecture typique du 17e siècle : son mur présente une forte assise ; en bas, se trouvait une boutique ; au premier, l’habitation avec une seule et petite fenêtre, car celles-ci étaient soumises à un impôt ; au dernier étage, le grenier, avec une toute petite ouverture. Toutes les maisons à cette époque étaient faites sur ce modèle, sauf pour les plus riches qui avaient parfois deux fenêtres d’habitation. Ces maisons ont beaucoup été remaniées au cours des siècles : les plafonds et les toits ont été rehaussés, les fenêtres agrandies, et les maisons couplées entre elles pour n’en faire qu’une. On arrive à deviner ces modifications sur certaines habitations.
- Continuez sur la même rue.
A droite, derrière la maison démolie, il y avait deux comptoirs qui donnaient sur une mini placette. On voit nettement que l’une de ces maisons a été rehaussée. On accédait à cet endroit par une rue extrêmement étroite.
- Prenez-la et rejoignez la place de la Mairie près de la fontaine. Tournez à gauche et prenez, de l’autre côté de la grande rue, la rue des Religieuses (remarquez à gauche une autre maison typique du 17e siècle). Avancez jusqu’au chemin.
Vous entrez l’espace qui était réservé aux jardins. On y voit encore beaucoup d’arbres fruitiers. De même que pour les parcelles de vignes, les pierres qui gênaient les plantations permettaient de monter des murs. Avant d’arriver au bout de ce passage, vous devinerez à gauche les anciennes parcelles : celles-ci étaient très petites, chacune desservie par une porte. Il y avait ici cinq clos. Au-dessous des jardins, la zone est inondable.
- Tournez à droite, et continuez sur le goudron.
Le grand portail bordeaux à droite correspond à une ancienne scierie. Elle fonctionnait grâce à un béal, canal aujourd’hui comblé.
- Passez devant ce portail et rejoignez la grande rue. Longez le trottoir à droite et traversez face au restaurant Hilaire.
Le béal passait la grande route sous un pont dont on voit les rebords, puis derrière le muret dans la partie gazonnée. Il tournait à angles droits le long de la maison, passait sous l’escalier, puis sous la route à droite. Il longeait le mur sur une largeur d’environ deux mètres. Encore un peu plus loin, il y avait un autre pont (sous la cabane en bois).
- Allez jusqu’au bout du chemin des Félines, comme si vous longiez le canal.
Celui-ci passait dans le pré pour aller prendre son eau dans l’Arzon. Rapprochez-vous du portail, et voyez à droite une maison de vignes autour de laquelle a été construite une maison neuve. C’est ainsi que beaucoup ont été reconverties.
- Revenez sur vos pas. On voit bien sur les coteaux les anciennes terrasses à vignes et leurs murets. Prenez à gauche le pont qui passait sur le béal, puis passez, comme en début de parcours, par la route qui longe le foyer Marie Goy. Marchez jusqu’à rejoindre l’église par l’arrière.
L’orientation Nord-Sud inhabituelle de cette église est due à la déclivité du terrain. Elle a été bâtie en 1872 pour remplacer l’ancienne église, et a été entièrement rénovée en 1996. Comme l’ancienne, elle est dédiée à Saint-Symphorien, un saint bourguignon natif d’Autun. Son aspect extérieur, ocré-rougeâtre, rappelle la couleur du granite des falaises de la région.
A l’intérieur (accès par la porte ouest), la peinture inspirée du style néo-roman a été effectuée par les Compagnons. On trouve, au fond à gauche, un baptistère, et dans le narthex, un bénitier. La nef comporte 12 piliers, symboles des 12 apôtres. Le vitrail central du chœur représente saint-Symphorien. Par mesure d’économie, il avait été prévu des baies de verre blanc striées de croisillons, comme le sont celles des bas-côtés ; les autres vitraux proviennent de généreux donateurs. Dans le transept, les deux grands vitraux ont été offerts par le bienfaiteur Comte Odde de la Tour Villard, dont on voit les armes. Les retables datent du 17e siècle. Un Christ en Croix avait été offert par la mère de Louis Jouvet, alors que l’église ne possédait que peu de mobilier après sa construction.
- Ressortez de l’église et allez au manoir de Villèle, à droite du monument aux morts.
Le manoir de Villèle est un vaste corps de logis flanqué d’une tour carrée que surmonte une tourelle ronde. La propriété comptait autrefois des cours, des jardins avec un bassin, le tout sur 26 ares. Ses premiers possesseurs étaient, au 17e siècle, les Bernard de Vertaure. Au début du 19e siècle, le manoir est passé aux mains de la famille Odde de la Tour Villard (dont les armes figurent sur les vitraux de l’église), puis à celles de la famille Villèle, fin 19e-début 20e. Vendu en 1926, il reste à l’abandon, les tapisseries et les boiseries sont enlevées, les ronces envahissent le parc. La maison a aujourd’hui été modernisée et divisée en appartements.
- Remontez jusqu’à la place de la Mairie par la rue pavée qui passe devant le manoir. Entrez dans la cour fermée par un portail vert face à La Poste.
Vous êtes sur le site de l’ancien prieuré, dont l’aspect a totalement changé. La cour était certainement fermée par un grand et magnifique portail, qui a été déplacé à l’entrée du parc Henri Vinay au Puy. L’origine de ce prieuré est incertaine : les Bénédictines sont sans doute venues de Chamalières sur Loire, où elles étaient installées, lorsqu’il fut décidé qu’on n’y garderait qu’une communauté de moines. L’ensemble était composé d’une chapelle, un cloître, un réfectoire, des appartements et des jardins. Suite à la Révolution, les Bénédictines, bafouées, quittèrent le couvent de Vorey. Celui-ci, abandonné, a été morcelé et vendu, disparaissant petit à petit sous les nouvelles constructions.
- Revenez devant la fontaine dédiée à Philibert Besson.
Philibert Besson est né à Vorey le 6 juin 1898. Il vivait avec sa mère dans une maison au bord de l’Arzon, impasse Europa, derrière le restaurant le Biniou. De 1917 à 1924, il part, 4 ans engagé dans l’armée, puis en voyages outre-mer. De retour, il est traduit devant les tribunaux pour port illégal de l’uniforme et port d’armes. Pour échapper au procès, un médecin lui établit un certificat médical qui le fera enfermer dans un asile pour aliénation. Une pétition des voreysiens le fera libérer. Elu député à l’Assemblée de 1932 à 1935, il est l’un des premiers à parler du marché commun et d’une monnaie européenne, l’Europa, qui a vraiment circulé pendant quelques années, surtout en Haute-Loire et dans la Nièvre. Il organise des meetings sauvages et harangue les foules du haut des arbres et des ponts (notamment celui de Changeac). Ses prophéties sont jugées déraisonnables : Hitler au pouvoir, l’Europe en guerre, les monopoles… Déchu de son mandat, il échappe pendant 10 mois à la police, caché par les paysans, déguisé en curé, en femme… Il meurt le 17 juin 1941, assassiné à la prison de Riom.
Autres figures célèbres de Vorey :
Louis Jouvet Né à Crozon dans le Finistère, en 1887. son père, entrepreneur des travaux publics, est appelé à Vorey pour la construction du pont du Chambon en 1894. Le petit Louis Jouvet fréquente donc l’école publique jusqu’en 1897, date à laquelle est inauguré le pont. Il habite avec ses parents l’immeuble Cottier (Crédit Agricole actuel). A 14 ans, le voilà pensionnaire à Reims où il joue Corneille, Molière, Plaute, Térence… Il fonde plus tard un théâtre d’amateurs, et à partir de 1913, collabore avec Coppeau, qui lui donne des rôles importants dans son théâtre du Vieux-Colombier. En 1917, ce théâtre est démobilisé à New York, où Jouvet fait d’énormes progrès. A son retour d’Amérique, il s’impose comme acteur de premier plan. En 1922, il fonde un théâtre d’essai : la Comédie des Champs-Élysées. Il tourne des films comme Topaze (1932), Hôtel du Nord (1938), Quai des Orfèvres (1947), Une Histoire d’Amour (1951), et bien d’autres. Il revient à Vorey en 1946, en visite à son ancien instituteur.
Pierre Favier 1899-1969 Son père est notaire à Roche en Régnier, et possède une maison d’été à Vorey (avenue Philibert Besson). Il fréquente l’école des Beaux-Arts à Saint-Etienne, puis devient l’élève de Le Fauconnier à Paris. Nombreux de ses tableaux sont inspirés de ses origines vellaves : les dentellières, le portrait d’un paysan de Changeac, des paysages… On peut voir deux de ses œuvres au Musée Crozatier du Puy : "Les Toits Rouges du Velay", et "Vieux quartiers de Roche en Régnier".
Toponymie de quelques rues de Vorey :
Pierre Chabannes : greffier ayant largement contribué à l’amélioration de la rue de la Gare en 1872.
Jules Vallès : journaliste et écrivain né au Puy en 1832, mort à Paris en 1885. Quelques-unes de ses œuvres : la Rue, Hernani, le Peuple, l’Enfant, les Blouses, le Bachelier, l’Insurgé…
Place des Moulettes : un moulin se trouvait à la place du restaurant Hilaire.
Chemin des Gravières : lors des crues, l’Arzon monte de nombreux graviers sur ses bords.
Rue du 18 mars 1962 : date des Accords d’Evian, donnant l’indépendance à l’Algérie.
Creixell : nom de la ville catalane (Espagne), jumelée avec Vorey.
Rue du Béal : en mémoire du canal aujourd’hui comblé.
Rue des Religieuses : ce chemin longeait l’ancien prieuré.
Impasse Europa : en mémoire de la monnaie qu’inventa Philibert Besson.